Et en voilà une qui mérite d’être davantage connue chez nous. Elle est si souvent souvent ignorée… pourtant elle fait tout ce qu’elle peut pour être vue, en vain! Et si tu y remédiais?
En ouvrant bien l’oeil, tu verras Amie des plantes, que cette plante vit tout près de toi. Tu peux la rencontrer au village comme en ville. D’ailleurs en ville, elle s’y invite de plus en plus et pousse parfois jusque dans les endroits les plus inattendus.
C’est l’occasion de t’intéresser à cette plante à fibres qui est bien plus qu’une sources de fibres.
Portrait botanique de l’Urena lobata
Famille et classification botanique
L’Urena lobata fait partie de la famille des Malvaceae, la même famille que l’hibiscus, la guimauve, la Mauve, le Baobab… Cette famille regroupe des plantes souvent réputées pour leurs vertus médicinales et leurs propriétés adoucissantes.
Originaire des régions tropicales et subtropicales, l’Urena lobata est une plante vivace ou annuelle qui peut atteindre jusqu’à deux mètres de hauteur.
Noms vernaculaires:
La plante est appelée par différents noms selon les régions et les langues :
- Jute du Congo (en Français)
- Herbe à paniers
- Caesar weed ou Congoweed (anglophone)
- Kudi-kudi (en Afrique de l’Ouest)
Description
L’Urena lobata se reconnaît à ses feuilles lobées, légèrement velues, et à ses petites fleurs roses ou pourpres. Ses fruits ronds, hérissés de poils crochus, contribuent à sa dissémination en s’accrochant facilement à la fourrure des animaux ou aux vêtements.
Une plante à fibres qui a connu un certain succès autrefois
Urena lobata était cultivée comme plante commerciale de fibres en République démocratique du Congo (d’où son surnom de Jute du Congo). Sur le plan artisanal, elle était utilisée localement au Ghana, au Nigéria et ailleurs en Afrique pour fabriquer des ficelles, des cordes, des lignes et des filets de pêche, des filets de chasse, des sacs, des paniers… et pour remplacer la jute issue du Corchorus sp. sur le plan industriel.
Même si son utilisation comme source de fibres a décliné il y’a quelques décennies avec l’arrivée des fibres synthétiques, la plante peut toutefois retrouver un certain intérêt aujourd’hui. Nous sommes de plus en plus nombreux à retourner aux solutions naturelles en s’inspirant des savoirs d’autrefois.
D’ailleurs, si tu es dans le domaine de l »artisanat, de la mode, du textile… tu peux contribuer à ta manière à la résurrection de ces fibres végétales comme c’est déjà le cas ailleurs avec le Sisal dont je t’avais parlé dans un article ICI.
Bref, son usage comme plante à fibres ne doit pas mourir.
C’est aussi une plante comestible que l’on consommait autrefois. Ne mange surtout pas les feuilles qui ont été récoltées n’importe où car le problème de pollution aux herbicides chimiques est un problème sérieux ici.
Quant aux fleurs, elles sont si jolies… Comme les fleurs de Mauve, elles étaient utilisées autrefois pour soigner la toux et calmer l’inflammation des bronches.
Je les ajoute volontiers dans mon bain de pieds floral. Elles y apportent de la couleur et sûrement un peu de leurs bienfaits au passage…
Usages traditionnels de l’Urena lobata:
En médecine traditionnelle, les feuilles, les racines et l’écorce de l’Urena lobata sont employées pour :
- Soulager les douleurs articulaires et musculaires,
- Traiter les infections cutanées,
- Apaiser les inflammations,
- Favoriser la cicatrisation.
- Les feuilles sont largement utilisées pour déclencher le travail ou faciliter l’accouchement. C’est un usage très courant chez les plantes riches en mucilages.
- En Côte d’Ivoire, une préparation à base de feuilles et de celles d’autres plantes est appliquée pour traiter les problèmes menstruels.
- Au Bénin, la macération des feuilles est prise contre la diarrhée infectieuse.
- Au Congo, la décoction de feuilles se boit contre l’hypertension. En RD Congo, les feuilles réduites en poudre avec de l’argile en poudre dans de l’eau sont prises régulièrement comme traitement de l’asthme.
- À Madagascar, la sève des feuilles est versée goutte à goutte sur les plaies et un cataplasme de feuilles bouillies est appliqué sur les inflammations rhumatismales
- En Guinée, l’eau dans laquelle les fleurs sont macérées est bue comme antiseptique.
- À Madagascar, une décoction de fleurs est prise contre les problèmes respiratoires.
Ces usages traditionnels s’expliquent par la composition biochimique de la plante.
Composition chimique et propriétés
Principaux constituants (des feuilles):
L’Urena lobata contient une diversité de composés bioactifs qui expliquent ses multiples bienfaits :
- Les Mucilages bien sûr: aux propriétés hydratantes et apaisantes, idéales pour la peau sèche et sensible, mais aussi aux cheveux secs, déshydratés
- Flavonoïdes : connus pour leurs effets antioxydants et anti-inflammatoires, ils protègent la peau contre le vieillissement prématuré.
- Tanins : reconnus pour leurs propriétés astringentes, parfaits pour resserrer les pores et réguler l’excès de sébum.
- Acide syringique: aux propriétés Antioxydante, antimicrobiennne et anti-inflammatoire.
- De nombreux autres antioxydants: Quercétine, Kaempférol, rutine, l’acide syringique, l’acide caféique
- L’acide salicylique
Tous ces composés rendent la Jute du Congo particulièrement intéressante pour une utilisation en cosmétique.
Quelques Propriétés beauté :
- Hydratation et apaisement : Grâce à ses mucilages, l’Urena lobata est une alliée pour les peaux sèches, irritées ou sensibles. Elle calme les inflammations cutanées tout en maintenant une hydratation optimale.
- Effet anti-âge : Les flavonoïdes, puissants antioxydants, aident à neutraliser les radicaux libres, responsables du vieillissement cutané. Une utilisation régulière des extraits d’Urena lobata peut donc contribuer à une peau plus belle et éclatante.
- Soin des cheveux : Les mucilages et les saponines contenus dans l’Urena lobata nettoient le cuir chevelu en douceur, tout en laissant les cheveux hydratés et brillants. Elle prévient également la casse et favorise une chevelure plus forte.
Potentiel en cosmétique :
La Jute du Congo, n’est pas seulement une plante utile en médecine traditionnelle. Elle est aussi une pépite pour la beauté, grâce à ses propriétés hydratantes, purifiantes et réparatrices. Alors que la tendance aux cosmétiques naturels continue de croître, cette plante mériterait une place de choix dans nos routines de soins.
Incorporer l’Urena lobata dans tes produits ou recettes maison, c’est opter pour une beauté naturelle et respectueuse de ta peau et de l’environnement. C’est aussi contribuer à la sauvegarde d’une espèce dont les usages se perdent au fil du temps. Alors, pourquoi ne pas redécouvrir cette plante aux mille vertus et l’ajouter à ta liste de tes trésors botaniques ?
Avec ses propriétés multiples, l’Urena lobata est une plante qui a un réel potentiel pour servir de plante-cosmétique. Les feuilles pétries dans l’eau donnent un mucilage riche qui peut servir à se nettoyer la peau et les cheveux. Et même à la fabrication de soins plus élaborés. Son potentiel est encore inexploité. Et encore, je n’ai pas fait mention ici du potentiel de ses graines, qui peuvent être transformées en huile végétale.
Les graines de Jute du Congo contiendraient 7 à 18 % d’huile, avec comme composition (même si celle-ci peut varier selon l’origine): l’acide linoléique, l’acide palmitique et l’acide oléique comme acides gras majeurs, mais contiendraient également d’autres acides gras polyinsaturés et les acides cyclopropénoïdes telles que l’acide malvalique et l’acide sterculique.
À explorer donc!
Pour découvrir des plantes comme la Jute du Congo sur le terrain, n’hésite pas à nous rejoindre lors de la prochaine balade botanique quelque part dans une ville de chez nous.
Urena lobata en vidéo, c’est sur la chaîne Youtube: