C’est la rentrée!
Après de longs mois d’absence sur le blog, c’est la rentrée pour moi aussi. Et pour marquer le coup, on va démarrer avec une plante médicinale aux fleurs hautes en couleur: Le Mimosa Clochette aka le Kéké 😁
Un arbuste aux nombreuses vertus et au potentiel inestimable en médecine africaine, en parfumerie et probablement même en cosmétique.
Portrait:
– Arbuste ou petit arbre, épineux, de 1,5 à 5 m de haut
– Feuilles bipennées à pennes portant 10 à 20 paires de pinnules
– Fleurs bicolores, jaunes et roses
– Fruits : gousses persistantes, plates, contournées et enchevêtrées
– Originaire d’Afrique, envahissant aux Antilles et à Cuba
Source: (http://sysbio.univ-lille1.fr/fiche/dichrostachys-cinerea)
Dichrostachys cinerea serait originaire d’Afrique et se serait ensuite répandue dans d’autres régions du globe.
Elle est aujourd’hui cultivée dans certains pays comme plante ornementale car ses fleurs magnifiques fleurs de couleur rose et Jaune attirent les regards! Les abeilles en raffolent aussi, c’est une plante mellifère que tu pourras mettre au jardin. Si tu vis en France, tu peux acheter un jeune plant chez Rayon de serre, un producteur de plantes tropicales: https://www.rayon-de-serre.fr/leur-fleur/391-dichrostachys-cinerea.html
J’avais acheté quelques pieds de Bissap (Hibiscus sabdariffa) chez eux il y’a 3 ans. J’ai aimé le fait de pouvoir me procurer certaines plantes qui me rappelaient d’où je viens… C’est une adresse que je recommande vivement!
Si tu vis en Afrique, tu n’auras pas beaucoup de mal à trouver la plante. Elle y pousse déjà à l’état sauvage et est rarement cultivée car assez envahissante. Toutefois, elle est parfois utilisée pour stabiliser les sols et lutter contre l’érosion, pour enrichir le sol en Azote, une caractéristique de la famille à laquelle elle appartient (Les Fabacées). Les feuilles fournissent par ailleurs un bon engrais vert, de quoi donner des idées!
Un arbuste aux noms scientifiques aussi innombrables que curieux! À lui seul, il porte plus de 10 noms scientifiques et presque tout autant de noms vernaculaires. Un exploit! On espère de tout cœur que les botanistes le laisseront enfin en paix, qu’il porte vaillamment Dichrostachys cinerea.
Quant à ses surnoms: Épine de marabout, lanterne Chinoise, Arbre de Noel du Kalahari, Acacia de St Domingue... tu choisiras celui qui te plaît! 🙂
Quoiqu’il en soit c’est une plante qui a beaucoup de potentiel! Et c’est le pourquoi de cet article.
[highlight] Un potentiel en médecine africaine:[/highlight]
La plante est déjà pas mal utilisée en médecine traditionnelle. A elle seule, elle soigne tant de maux: Dysenterie, fièvre, Épilepsie, asthme, rougeole, furoncles, lèpre, maux de tête, maux de dents, rhumatismes, douleurs articulaires, comme vermifuge… Elle serait par ailleurs purgative et fortement diurétique. C’est aussi un antispasmodique naturel.
Presque toutes les parties de la plante sont utiles en médecine africaine: les feuilles, les racines, l’écorce et les fruits.,
Les feuilles sont réputées comme anesthésiant local et sont utilisées pour atténuer les douleurs de piqûres de scorpion et morsures de serpent. Pour soulager également les maux de dents, même si parfois l’écorce de la plante est préférée à la place. Au Sénégal par exemple, on fabrique de petites boules avec de l’écorce en poudre et on applique en plombage sur la dent douloureuse. Parfois, c’est la décoction d’écorce qui est utilisée pour préparer des bains de bouches et/ou comme eau de rinçage pour la bouche pour calmer les douleurs.
En cas de blessures, l’écorce pilée est utilisée en application locale au Kenya. Les gousses et les racines calcinées sont utilisées dans les pommades pour soigner les blessures en Afrique du Sud.
Les feuilles pilées sont utilisées en massage sur les douleurs articulaires dans les îles du Saloum au Sénégal.
Tant d’usages ethnobotaniques qui confirment l’utilisation de la plante comme analgésique et anesthésique mais aussi comme antibactérien, antifongique et anti-inflammatoire. Des propriétés confirmés par diverses études scientifiques réalisées entre 1951 et 2012. (https://bit.ly/3CYwtRB)
Les fruits et les graines sont utilisées comme antimycosique,et l’infusion des fleurs comme sédatif contre l’insomnie (Godínez -Caraballo et Volpato, 2008). Au Mali, ils sont utilisés dans les pommades en application locale pour traiter les mycoses et certains inflammations.
L’écorce de la plante accompagne les sages femmes traditionnelles qui l’utilise pour faciliter l’accouchement des femmes dans les villages (Sillans, 1951) (https://bit.ly/3qf1LvT). D’après certaines études, l’écorce contiendrait des actifs mimant l’action de L’ocytocine, hormone naturelle qui stimule les muscles utérins, favorise naturellement les contractions chez la femme enceinte et faciliterait ainsi l’accouchement. De nombreux usages de cette propriété ont été relevés dans différents pays, seuls les modes d’administration de la plante diffèrent parfois d’un pays à l’autre.
Voilà une plante qui mériterait d’être davantage étudiée pour une meilleure utilisation et préparations de phyto-remèdes (MTA) dans nos pays.
[highlight] Un potentiel en cosmétique[/highlight]
Les études effectuées sur l’écorce de la plante ont montré la présence de tannins, de flavonoïdes au pouvoir antioxydant et d’autres composants actifs.
Au vu de son utilisation en médecine africaine pour soigner les furoncles, les mycoses cutanées, la lèpre, et pour calmer les inflammations cutanées… nul doute que la plante a de l’avenir en dermocosmétique et mérite d’être davantage étudiée pour répondre à certaines problématiques liées à la peau. De plus, sa composition en antioxydants et en tannins offre de belles perspectives en cosmétique, j’en suis persuadée.
[highlight] Un potentiel en parfumerie[/highlight]
Les gousses séchées du Mimosa clochette sont parfumées. Elles sont l’ingrédient incontournable de la Sauce Jaune, un mets de choix en pays Bamiléké au Cameroun. Là-bas on appelle ces gousses enroulées sur elles-mêmes « Oreilles de souris »
Associées à d’autres épices, elles donnent à la sauce jaune une saveur et un parfum particulier. Je n’ai cessé de humer le parfum des fruits séchés du Kéké, pour qu’ils m’inspirent une recette. En fermant les yeux, ce sont d’abord les effluves de la Sauce jaune et son taro pilé venant de la cuisine de ma mère qui me viennent au nez… ensuite en poursuivant l’expérience, je sens d’autres notes, que je ne saurais qualifier. Quoiqu’il en soit, plus je les sens ces gousses séchées, plus je suis convaincue qu’elles pourraient avoir un réel potentiel en parfumerie africaine. Je l’ai déjà ajouté à ma longue liste de Plantes à parfum d’Afrique et je travaille à trouver les voies et les moyens de capter ses aromes.
Les as-tu déjà senti? Qu’est ce que cela évoque en toi?
Si tu travailles avec les senteurs, n’hésite pas à expérimenter le Kéké!